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Les morsures animales

 

SOS MAINS de l’Institut Français de Chirurgie de la Main – IFCM

 

Les morsures animales sont devenues un véritable phénomène de société depuis que la population des animaux de compagnie ne cesse de croître. 7% à 17% des patients consultants pour morsure animale développeront une infection à Pasteurella Multocida.

Les morsures de chats sont responsables de 65% des cas d’infection.

Quelles sont les lésions possibles ?

L’aspect initial n’est pas toujours alarmant et le délai de consultation des blessés est donc souvent retardé.

En se référant à la classification de Vilain et Michon nous distinguerons les morsures mutilantes, les morsures délabrantes, les morsures ponctiformes ou multi-ponctiformes.

C’est ce dernier type qui pose le plus de problèmes car sous une apparence anodine, la gravité réelle peut être mésestimée par le patient mordu ou par le médecin.

Leur gravité potentielle dépend :

  • de l’agressivité de l’animal mordeur et de l’importance des lésions mécaniques.
  • du pouvoir pathogène des germes inoculés ( 107 à 109 bactéries/ml de salive chez le mammifère).

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La présence constante d’une flore microbienne à potentialité pathogène dans les cavités buccales fait que par définition une morsure est infectée.
Il n’y a pas de morsure aseptique.Chez les mammifères les flores sont mixtes aérobie et an aérobie. Chez l’homme en dehors du streptocoque alpha-hémolytique, les an aérobies sont les plus fréquents : strepto, staphylo, bacille Gram.
Les Pasteurelles ou apparentés, P. Multicoda, M, EF4, 2J sont retrouvés dans la cavité buccale chez 70% des chats et 50% des chiens. Le calendrier épidémiologique est typique avec l’apparition d’une cellulite hyperalgique très précoce, entre 1 h et 12 h après la morsure, alors que les cellulites à pyogènes sont retardées à 48 h.

Le diagnostic de pasteurellose d’inoculation est donc clinique d’autant que la recherche bactériologique est difficile en urgence et son résultat retardé et que l’auto stérilisation des lésions est rapide.

Quel est le traitement possible ?

Seule l’exploration chirurgicale systématique de toutes les morsures permet d’effectuer un parage soigneux et surtout un bilan lésionnel dans de bonnes conditions. Les crocs peuvent entailler, sectionner ou déchiqueter.Dans un premier temps la plaie doit être lavée puis les berges souillées sont parées. L’exploration recherche une lésions tendineuse, artérielle ou nerveuse.
Les crocs peuvent peuvent pénétrer l’articulation et la contaminer, léser le cartilage, ils peuvent entamer la corticale externe voire entraîner une fracture en particulier au niveau des segments digitaux.
L’importance de l’atteinte cutanée rend la fermeture dans des conditions d’asepsie parfois impossible. Il ne faut pas fermer en tension ou faire un parage économique pour fermer.
Un lambeau sera parfois nécessaire ultérieurement. Bien que rarement observé la prévention de la rage et du tétanos doit être incluse dans le traitement. L’antibiothérapie initiale est systématique en post-opératoire.
La flore buccale humaine est sensible à la Pénicilline G.
Chez le chat et le chien les Pasteurelles sont sensibles à la Tétracycline et à la Pénicilline A

Quels sont les risques évolutifs ?

Les séquelles fonctionnelles sont dominées par la raideur articulaire dont les causes sont multiples et associées dans les lésions délabrantes, soit par atteinte directe multi?tissulaire, soit par algodystrophie, ce qui n’est pas étonnant devant l’agressivité mécanique, bactériologique et psychologique de la morsure ?

Les lésions retardées non spécifiques :

Deux tableaux cliniques d’infection de la main sont assez évocateurs.

  • ténosynovite et arthrite à germe banal : le traumatisme initial a été oublié ou il est passé inaperçu. Il peut s’agir d’une simple érosion cutanée ou d’une éraflure depuis cicatrisée. Un traitement antibiotique large a été pris au hasard.
    Les manifestations ne sont pas spécifiques; les ténosynovites peuvent atteindre les extenseurs ou les fléchisseurs des doigts.
    La douleur est souvent continue avec un enraidissement articulaire progressif Il existe un oedème avec un épaississement synovial.
    L’impotence fonctionnelle est variable. Il n’y a pas de signes généraux et les examens biologiques ont surtout un rôle d’élimination.
    L’IRM peut montrer l’épaississement de la synoviale mais seule le nettoyage et la synovectomie permettront de régler le problème.
  •  » Grosses mains douloureuses hyperalgiques inflammatoires  » :
    Des fistules modérément productives survenant sur arthrite ostéomyélitique ou phlegmon ont été décrites dans la littérature. Elles surviennent après un traitement initial inadapté ou insuffisant.
    Le tableau encore plus trompeur à distance du traumatisme initial est celui d’une main enraidie, douloureuse dans son ensemble. L’histoire de la maladie peut faire errer le diagnostic et évoquer un syndrome algo-neuro-dystrophique avec des manifestations bruyantes initiales et l’évolution vers une raideur secondaire, des radiographies qui montrent une ostéoporose par non utilisation de la main.

Plusieurs éléments peuvent suggérer une pathologie d’inoculation par Pasteurrella Multocida :

  • la recherche d’un comptage animal même peu traumatique
  • l’existence d’une réaction à FIDR à l’antigène pasteurellien
  • l’existence d’une sérologie positive avec des taux d’anticorps anti-pasteurelliens positifs. Ces examens confirment l’antécédent de comptage mais la responsabilité directe et actuelle n’est pas prouvée. Les lésions sont stérilisées et le germe ne peut pas être mis en évidence directement. Un traitement spécifique par désensibilisation peut être proposé mais n’est pas anodin.

Le meilleur traitement est donc une intervention associant nettoyage, parage et exploration couplée à un traitement antibiotique par voie générale.

 

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